Cinq observations issues de la conférence consommateurs du G20

 

Des robots-avocats à l'autorégulation des produits IdO (Internet des Objets), la technologie était au centre de la conférence des consommateurs du G20 cette semaine, suivie de près par le développement durable et la coopération internationale.

Dans notre dernier article de blog, nous soulignons les cinq principales questions que nous avons abordées lors du G20 au Japon, où Consumers International a rejoint les représentants de 38 pays aux côtés d'experts des questions de consommation tels que la CNUCED, l'OCDE et l'Agence japonaise de la consommation.

 

 

1. LA POLITIQUE NE PEUT PAS SUIVRE L'ÉVOLUTION RAPIDE DES TECHNOLOGIES 

 

Il a fallu 50 ans pour que le téléphone atteigne 50 millions d'utilisateurs. Il a fallu trois ans à Facebook et seulement 19 jours au jeu de réalité augmentée Pokémon Go pour atteindre le même objectif. Suivre l'évolution des innovations technologiques est un défi pour les décideurs politiques, qui doivent créer des cadres assez flexibles pour s'adapter aux changements tout en restant robustes.

Nos membres nous ont informés que la technologie engendrait de nouveaux défis dans tous les secteurs, et que des lacunes dans la réglementation apparaissent dans un certain nombre de domaines. Au Nigeria, le plus grand marché du commerce électronique en Afrique, on s'inquiète de plus en plus de l'incapacité de la législation à suivre le volume sans cesse croissant des transactions en ligne.

Dans le même temps, l’innovation peut aider à mettre en place des outils de protection plus efficaces pour les consommateurs. La Russie, de son côté, utilise le Big Data pour développer un ‘robot-avocat’ capable de comprendre et de répondre aux problèmes des consommateurs, ce qui constitue une moyen innovant de résolution des litiges en ligne.

La législation nationale étant à la traîne, il devient de plus en plus urgent de définir des principes internationaux communs pouvant être adaptés aux contextes nationaux.

 

2. EXPLOITER LA TECHNOLOGIE POUR AMÉLIORER LA SÉCURITÉ DES PRODUITS

 

À l'heure actuelle, les consommateurs ne sont pas suffisamment protégés au niveau national. Dans une récente enquête de Consumers International, seuls 13 % des individus interrogées jugeaient que leur législation nationale sur la sécurité des produits jouait bien son rôle.

Le faible taux de réponse des consommateurs aux rappels de produits demeure également un problème central. La toute première enquête menée en Europe sur l'efficacité des rappels auprès des consommateurs montre qu'un tiers des consommateurs continuent à utiliser des produits même après avoir pris connaissance d'un avis de rappel. Les agences de défense et de protection des consommateurs doivent trouver des moyens novateurs d’utiliser la technologie pour résoudre les problèmes de sécurité liés aux produits.

L’IdO offre également d'intéressantes opportunités pour créer des mécanismes de sécurité des produits plus efficaces et simplifiés. L'Australie a mis en lumière de nouveaux produits IdO pouvant signaler des défauts, programmer leurs propres réparations et remplacements, ou se désactiver s'il s'avère qu'ils sont dangereux. Toutefois, il est essentiel que les fabricants soient plus impliqués en matière de suivi pour qu'on puisse tirer le meilleur parti de ce potentiel.

 

3. ALLER AU-DELÀ DU CLOISONNEMENT DES POLITIQUES ET RENFORCER LA COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE

 

Les membres constatent une augmentation du nombre de problèmes transfrontaliers, notamment des litiges, des escroqueries, des problèmes de sécurité des produits et de fausses évaluations de produits. Parallèlement, on s'inquiète du fait que le travail transfrontalier est souvent sous-financé et exclu du rang des priorités. Le manque de cohérence des réglementations entre les pays est source d'inquiétudes quant au fait que des commerçants peu scrupuleux choisissent les lieux où la législation (ou à sa mise en œuvre) présentent des lacunes.

Malgré un nombre croissant de projets de collaboration (tels que l'initiative « econsumer.gov » de l'ICPEN, qui a conduit à une collaboration sur les escroqueries internationales entre 36 pays), le manque important de ressources reste un obstacle majeur à la coopération mondiale. À une époque de changements rapides, d'élargissement des lignes de fracture et de perte de confiance en un système qui semble favoriser seulement une minorité, les dirigeants doivent aborder la question de l'économie numérique et de l'avenir d'une manière qui soit liée à notre vie quotidienne, dans tous les secteurs, et sans se limiter à des politiques isolées.

 

4. LA QUESTION DE L'ÂGE ET LES CONSOMMATEURS VULNÉRABLES À L’ÈRE NUMÉRIQUE

 

Lors de l'ouverture de la conférence et dans le cadre du panel ‘Protéger les consommateurs vulnérables à l'ère numérique’, la directrice générale de Consumers International, Helena Leurent, a présenté le travail et les points de vue de ses membres et a souligné les conclusions de nos récents rapports sur l'attitude des consommateurs envers l'IA, ainsi que ‘Trust by Design for IoT’, et les arnaques sur les réseaux sociaux.

Dans le cadre du panel, l’âge est apparu comme une préoccupation importante de l'ère numérique. Les décideurs ont la responsabilité de s’assurer que les personnes âgées ne sont pas exclues des services et que les populations plus jeunes sont protégées en ligne. Enseigner aux jeunes consommateurs leurs droits et l'importance d'une consommation éthique était une priorité pour de nombreux participants, notamment le Japon, la Corée du Sud et le Danemark.

Dans une large mesure, les innovations technologiques ont amélioré la vie des consommateurs à l'échelle mondiale. Il n'en demeure pas moins que la protection des données, la confidentialité et la discrimination restent des préoccupations majeures pour les consommateurs vulnérables. Le Royaume-Uni a souligné que les populations vulnérables sont non seulement plus exposées aux risques liés aux nouvelles technologies, mais également plus susceptibles de ne pas se remettre des problèmes qui pourraient survenir.

 

5. LE RÔLE DE LA CONSOMMATION DANS LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

 

Les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et le rôle de la consommation dans la lutte contre le changement climatique sont apparus comme des questions centrales pour tous lors de la conférence. Différentes approches politiques visant à modifier les attitudes et les comportements des consommateurs ont été partagées. Les États-Unis ont souligné l'importance de l'information des consommateurs, tandis que la Suède a mis l'accent sur la nécessité de modifier les normes sociales au sein de différents groupes de consommateurs.

Dans le même temps, les consommateurs ne sont pas seuls responsables. Les entreprises doivent prendre des mesures pour créer et commercialiser des produits durables. Le Royaume-Uni a relevé le succès des incitations économiques, telles que la taxe sur les sacs en plastique, tout en soulignant l'importance de veiller à ce que les consommateurs à faible revenu ne soient pas affectés de manière disproportionnée.

À l'échelle mondiale, nos membres ont activement participé aux ODD à différents niveaux. Certains membres, notamment au Japon et au Danemark, ont mis en avant leur compréhension approfondie de la manière dont les problèmes des consommateurs interagissent avec les objectifs de développement durable et ont fait référence à des plans nationaux intégrant la perspective du consommateur. Les occasions de travailler sur l’obsolescence des produits en examinant les garanties sur les produits sont également nombreuses. Notre membre Euroconsumers a déjà commencé à traiter cette question en lançant l’outil ‘Trashed Too Fast’, permettant aux consommateurs de signaler des produits qui ont arrêté de fonctionner avant l'heure. La collaboration entre les défenseurs des consommateurs reste cruciale, mais d’autres parties prenantes, y compris les entreprises, doivent également être invitées à la discussion.

Nous continuerons de traiter ces questions à l'heure où l'Arabie saoudite s'apprête à prendre la présidence du G20. Ensemble, nous pouvons donc trouver des solutions mondiales aux problèmes mondiaux et continuer à apporter notre contribution en mettant la voix des consommateurs au cœur du G20.